La dette africaine ou le plus beau casse du siècle

La dette africaine ou le plus beau casse du siècle

élisabeth eckert dunning, responsable des enjeux
Publié le 10 juin 2005 Tribune de Genève

Il n'y a pas à dire: les pays en développement sont sans doute le placement le plus époustouflant de l'histoire financière. C'est bien simple: pour 1 dollar que les Etats riches, le FMI ou les grandes banques commerciales leur ont prêté voici vingt-cinq ans, ils en ont déjà récupéré huit – oui, huit – et attendent encore le remboursement de 4 autres dollars pour s'estimer acquittés...

Un retour sur investissement multiplié par douze: on peine à faire mieux. Or, sachant cela, on est très éloigné de l'image d'Epinal qui voudrait que ces autres parties du monde ne soient pour nous que gouffre à millions.

Les pays en voie de développement empruntent, certes, mais paient derrière par tous les moyens possibles et imaginables. L'Argentine ou le Mali vous saluent. Grâce en effet à nos crédits généreusement octroyés à des taux d'intérêts à la hauteur du risque, les pays débiteurs se transforment d'un coup d'un seul en clients de rêve pour nos produits d'exportations, nos technologies et nos infrastructures hydroélectriques.

Mieux: sous les coups de boutoir de la mondialisation concurrentielle, les acteurs du marché sont parvenus à faire chuter - et c'est un euphémisme - les cours des matières premières ou des produits agricoles.

Des 80 cents américains que valait par exemple le kilo de sucre en 1980, il n'en reste plus que 20 aujourd'hui; idem du café ou du cacao, alors même que nos exportations - leurs importations - demeurent au prix fort. Comment mieux dès lors maintenir en dépendance, voire en quasi-impossibilité de rembourser, un débiteur national?

Ce week-end, puis début juillet, les pays du G8 ont mis le sauvetage de l'Afrique et l'annulation de sa dette à l'ordre du jour. Dire qu'il était temps relève de la litote. Il se trouve pourtant qu'une bonne partie des pays riches se déclare certes prête à faire un geste, mais sans plus.

Il faut savoir raison garder, n'est-il pas? Et puis, cela pourrait donner aux pauvres de la planète de très mauvaises habitudes. Nous, les vertueux, savons de quoi nous parlons, lorsque la dette publique des pays développés dépasse les 20 000 milliards de dollars, soit dix fois plus que le reste du globe.

Espérons seulement que les 6 et 7 juillet en Ecosse, au futur sommet du G8, le monde n'observera pas l'indécence de certaines nations ratiocineuses qui, à l'instar de la France, de l'Allemagne ou des Etats-Unis veulent encore et toujours conditionner leur générosité à la bonne conduite des bénéficiaires

Je voulais partager ce texte avec vous

Actualité:les Etats riches ont décidé d'effacer la dette africaine.

Je n'sais pas s'il faut applaudir

Merci pour le texte.

Je ne sais pas non plus s'il faut applaudir...

Je crois qu'il ne faut pas encore applaudir... faut voir si ça se fait réellement, et ensuite où ira l'argent "économisé".