A quel point est-on libre dans nos têtes?

Vous est-il déjà arrivé de vous dire "Ohlala, mais non, il ne faut pas penser à ceci, ou à cela.. c'est n'est pas bien, ou je n'ai pas le droit"?

Moi oui. Comme une auto-censure.

Pourtant dans nos têtes, on devrait avoir une liberté absolue... non?

Question intéressante ("merci de l'avoir posée" ) !

Je crois que je vois assez bien ce dont tu veux parler. Il nous vient tous des idées plus ou moins farfelues dans la tête, fruits de nos envies, pulsions, instincts primitifs et autres. C'est normal. Mais, en même temps, il est assez normal que certaines de ces pulsions ne puissent pas être mises en pratique. C'est l'interdit de meurtre, le tabou de l'inceste et l'intériorisation des règles de société en général, dont certaines sont devenues des valeurs propres, qui nous retienent d'agir.

Pour répondre à ta question, ne devrions-nous pas avoir une liberté absolue dans nos têtes, je serais tenté de dire que non. Une grande liberté, oui, totale, non. Au plutôt, oui, mais à la condition que l'on soit apte à dompter et garder sous contrôle ses pensées, et ne pas les laisser glisser du monde des rêves à celui de la réalité malgré nous. Car ressasser des idées les entretient, nourrit l'imaginaire et peut éventuellement pousser, en fin de compte, à leur réalisation.

Prenons un exemple fictif: ma soeur jumelle est une jeune femme de 19 ans extrêment jolie, désirable, qui attire beaucoup les garçons. Pour moi, c'est juste ma soeur, que je connais depuis toujours. Un soir, souper entre copains, un de mes pote sort "ta soeur elle est juste trop bonne ! Tu l'as déja vue à poil sous la douche ? Tu as vu les seins qu'elle a !T'imagines ce que ça doit être de coucher avec ?". Là, je pense que, assez naturellement, des images parasites viennent, comme un flash, devant les yeux. Puis, un reflexe de défense les chasse rapidement, limite avec un dégoût "t'es trop con toi !". La nuit venue, ces petits flashs risquent bien de revenir en tête, juste avant le sommeil. Là, deux options se présentent; fantasmer sur elles, les entretenir, se construire un film érotique sur cette base, ou penser à quelqu'un d'autre. Si, pour moi, il n'y a pas de mal à faire l'un ou l'autre en tant que tel, je craindrais que, répétant l'expérience, je finisse par regarder ma soeur avec des yeux différents, qui ne seraient plus adaptés, voir carément gênants, insistants. Je risquerais de ressentir de la jalousie quand elle voit d'autres garçons, l'envie d'entrer dans la salle de bain plus souvent que de raison. Bref, dévier vers des gestes incestueux.

Ainsi, de la même façon que lire de la littérature pédophile n'est pas répréhensible en tant que tel (je parle ici de Lolita de Nabokov ou L'Amant de Magerite Duras par exemple, pas de sites X), je ne sais pas si l'effet chez la plupart des personnes est cathartique* ou criminogène. Et il en va de même pour toutes les pensées "mauvaises" que l'on peut avoir. (Cf. aussi mon post sur les films X, ici: https://polemiquons.forumactif.com/viewtopic.forum?t=889&postdays=0&postorder=asc&start=25)

Je crois qu'il faut, justement, ce poser la question à soi-même: mes pensées me libèrent-elles du désir, en pouvant le vivre en fantasme, ou me poussent-elles plus encore à fauter ? Rêver d'étrangler mon patron m'aide t'il plus a rester poli face à lui, ou m'incite t'il plus à mettre de la mort aux rats dans son café ? Fantasmer sur un autre homme que mon mari m'aide t'il plus à entretenir une vie de couple saine, ou me fait-il de plus en plus penser à aller voir ailleurs ? Rêver d'échaper au fisc me donne t'il juste l'illusion quelques secondes d'un monde meilleurs, ou me pousse t'il à chercher sur Internet des sociétés écrans aux Bahamas où cacher mes fonds ?


Ceci étant dit, si les "mauvaises" pensées sont trop fréquentes, envahissantes ou culpabilisantes, je pense qu'il faut aussi oser remettre en question leur pertinence. Par exemple, il était fréquent, il y a une 50 aine d'années, de voir la masturbation comme un pêché mortel ou au minimum un acte honteux. Les jeunes gens, parvenus à l'adolescence qui sentaient comme des picotements dans leurs culottes amidonnées n'osaient souvent vivre leurs envies ni en geste ni en pensée. Là, après coup, on se dit que c'était vraiment ridicule. Donc je dirais que les mauvaises idées, il faut les chasser si elles sont juste passagères et occasionnelles. Mais si elles commencent à devenir pressantes, mieux vaut les regarder en face et se questionner. Est-ce vraiment mal ? Si oui, que puis-je faire pour ne pas y cèder. Sinon, pourquoi culpabilise-je tant pour cette chose somme toute inoffensive ?

* Wikipedia a écrit:

La catharsis fait donc intervenir une représentation d'un acte réprimé (par la morale, voire par la Loi), et c'est cette représentation qui permet au spectateur de se « défouler ». On peut cependant opposer le fait que la représentation de l'acte peut aussi inspirer le spectateur, lui donner l'idée de commettre l'acte, ou bien peut rendre l'acte acceptable : puisqu'il est représenté en public, il est accepté par l'assemblée, par la société.

Ainsi, on peut concevoir que la représentation puisse entraîner le passage à l'acte au lieu de l'empêcher, et que cette représentation soit criminogène.

Ce débat sur la dualité cathartique et criminogène de la représentation touche quasiment tous les media, et en particulier les jeux vidéo, les fictions diffusées télévision et les jeux de rôle.

Mais de quel type de pensées parles tu, au fait ? Manger une branche de chocolat en étant au régime, ou raser Israël sous des bombes nucléaires ?

Tiens hier je regardais il était une fois la vie, où il représentait les différents cerveaux et leur cohabitation pas toujours rose.

Le personnage est gêner par un autre, il se transforme alors en crocodile pour aller se battre. (reptilien) puis soudain il se divise en deux et une partie redeviens lui-même (néo cortex) qui dis au crocodile : allons tu vas pas t'énerver pour si peu.

Perso mes cerveaux sont souvent en désaccord, alors on discute beaucoup, nous nous accordons le droit d'être en désaccord mais d'avoir chacun le droit de penser dans la capacité d'écouter l'autre.

Tenter de comprendre l'émotion qui dégage de la pensée pour l'humaniser afin qu'elle ne déborde pas dans une inhumanité.

Exemple : j'ai envie de passer mes enfants par la fenêtre devient je suis fatiguée nerveusement et j'ai besoin de me détendre.

Plutot que j'ai envie de passer mes enfants par la fenêtre : oh mais seule une mauvaise mère peut penser ça, je suis vraiment horrible, mais non j'ai pas le droit de le penser, je suis une bonne maman alors je vais redoubler d'effort pour que ça se passe bien...

Je parlais de toutes les formes de pensées parasites ou taboues. Donc, ça englobe autant la soeur jumelles aux beaux seins que prendre un avion et partir pour tout quitter, que la brache cailler que je vais d'ailleurs aller me prendre à la caf, tiens! Ha!

Merci de vos réponses. Je vois que je ne suis pas seule... ça fait du bien!

je pense que ça arrive à tout un chacun de s'auto-censurer en pensée. Quel que soit le sujet.

Je sais qu'en amour, je ne m'auto-censure pas, car je suis très stricte.

Par contre, sur l'amitié, la famille, sur les remarques, le monde professionnel, parfois j'en viens à me dire... mais dis pas ça !!