S'inventer à partir du passé au lieu de croire être

Bob Dylan a écrit:

Votre identité peut se dissoudre dans la musique. Je m'explique: vous croyez que vous êtes un bluesman ou un rocker, ou un songwriter, par exemple... Et pourtant, lorsque vous écoutez vraiment attentivement une autre musique, vous découvrez qu'il y a des choses différentes en vous. Vous êtes quelqu'un que vous ne connaissez pas encore. Il est normal que mon style ait évolué: la plus grande partie des compositions de ce disque sont des blues, des ballades jazzy et, bien sûr, des folk songs lentes ou au rythme d'une cavalcade de cow-boy... C'est normal, parce que j'imagine mes disques comme des films qui parleraient de l'identité américaine.

Aux Etats-Unis, on nous a toujours fait croire que nous étions des inventeurs! Bien sûr, mais souvent l'Amérique oublie que l'on s'invente à partir d'un passé, d'influences anciennes... Personnellement, si mes influences viennent de Pete Seeger, de Woody Guthrie, d'Allen Ginsberg et de Jack Kerouac, elles viennent aussi du jazz et du blues des Noirs!

La lecture de cette interview me laisse deux pensées:

1/ On croit être quelque chose, jusqu'au jour ou l'on se confronte à autre chose que l'on croyait "pas soi", mais qui nous parle... ça me parle, et vous ?

2/ on s'invente à partir d'un passé. J'aime la formule. Ce n'est ni "rien ne se crée", ni "ce que l'on dit nouveau l'est", mais un joli milieu. On s'invente, c'est un fait. Mais pas à partir de rien. Vous partagez ?

Je pense que tous les jours on est confronté à la différence et qu'on apprend de la différence. Mais pour pouvoir l'apercevoir et la percevoir, il faut soi-même être disponible... Or, nous ne le sommes pas dans chaque moment de notre vie.

Lorsque c'est le moment, que tu es disponible à recevoir, alors ce que tu croyais être si différent de toi ou étranger à ta manière d'être, finis par te nourrir et faire croître aussi un peu le tréfond de ton être...

Silentia

c'est joliment vu, j'avais plus la vision de partie de toi non découverte que de nouveauté gentillement installée.

Je le voyais aussi comme quelque chose "en nous", à l'intérieur. A la réflexion, je me dis que c'est peut-être la faculté à vibrer sous l'effet d'une fréquence à laquelle on s'imaginait insensible. Un peu comme le jour où je me suis rendu compte qu'une guitare... faisait un beau tamtam. On ne sort peut-être pas assez souvent de ses propres registres.